By IWACU
Dimanche 10 mars 2024, le club de basketball Dynamo a été contraint de renoncer à poursuivre la compétition de la 4e saison de la Basketball Africa League qui se déroule en Afrique du Sud. Motif: » avoir refusé de se conformer aux règles exigées en matière de maillots et d’uniformes. » Tous les amoureux du ballon orange au Burundi espéraient que la Fédération de basketball du Burundi (Febabu) allait voler au secours de Dynamo. Au contraire, à en croire les sources proches du dossier, elle a plutôt tout manigancé pour saborder leur participation.
La renaissance du basketball burundais tant prônée à l’entame de son mandat devrait passer par là. Hélas, c’est Jean-Paul Manirakiza, le président de la Febabu, à lire sa dernière correspondance du 11 mars 2024, qui a porté un coup de grâce au basketball burundais. A ceux qui se refusent de l’admettre encore, « le salut » pour permettre à Dynamo de poursuivre la compétition devait passer par lui. Mais, il en a décidé autrement. Comme pomme de discorde : les interventions musclées de Joe Dassin Rukundo, président du club Dynamo. Lors de l’Assemblée générale ordinaire, tenue le 27 janvier 2024, les présidents des clubs du championnat de la VBL (Viva Basketball League) n’y sont pas allés de main morte. La cause : la gestion catastrophique des finances de la Febabu. Le principal accusé étant incapable d’expliquer quoi que ce soit, ils ont recommandé qu’un audit soit diligenté à l’endroit de cette instance faîtière du basketball burundais. Une décision que M. Manikakiza a eu du mal à digérer, surtout que les conclusions de ce rapport d’audit rendu le 2 mars, ont révélé des distorsions sans nom pour ne pas parler de détournements. Le début de la rancœur contre Dynamo. Un membre du club Dynamo ne comprend pas par exemple pourquoi présentement la Febabu n’a pas octroyé l’ordre de mission à son club afin qu’il aille en Afrique du Sud alors que lors de ces cours des deux dernières sorties, c’est la Fédération qui les lui avait octroyés.
Pourtant, il pouvait le faire dans le cas d’espèce en sa qualité d’interlocuteur reconnu par la loi, peu importe les méandres par lesquels devrait passer Dynamo pour obtenir gain de cause puisque, il s’agit bel et bien la Febabu qui avait le dernier mot. Malheureusement, cela a été une position, comme le témoignent certains membres du Comité exécutif de la Febabu, que M. Manirakiza aurait exploité pour régler ses comptes avec le club. Plus d’un s’interrogent alors : « Qu’est-ce qui se serait passé pour que le président de la Febabu campe sur sa position malgré les instantes demandes et se refuse de plaider en faveur de Dynamo « en haut lieux », se contentant seulement de dire que la question dépassait de loin les prérogatives de la Febabu ». A voix basse, un membre du CE confirme qu’« on lui a dit de gérer cette affaire avec la plus grande sagesse et le bon sens parce que ce n’est pas Ntare House qui allait écrire à l’organisation de la BAL ». De quoi laisser entendre que même si l’autorité semblait ne pas être convaincue, il se devait de plaider la cause. Des espoirs vite douchés. Tard dans la soirée du lundi 11 mars, plus précisément à 23h21, une correspondance de la Febabu à l’endroit de la Fiba Afrique tombe comme un couperet. Elle recommande au club de jouer soit avec ses propres maillots ou avec ceux dont le logo du sponsor officiel de la compétition Visit Rwanda est caché. « Sans aucune autre issue, d’autant plus que les délais requis par la Fiba semblaient dépasser, que pouvons-nous faire d’autre ? », glisse un membre de la délégation du club à Pretoria. Avec de grands regrets et une indescriptible désolation, le président de Dynamo finit par lâcher du lest. Ainsi, à travers une correspondance adressée à la Fiba, il explique qu’ils sont dans l’obligation de déclarer forfait puisqu’ils étaient « dans l’obligation de jouer sans les maillots du sponsor officiel ». Dans la matinée de mardi 12 mars, sur la toile, c’est le tollé général. Personne ne comprend la décision du président de la Febabu.
Des questionnements
Face à cette situation, toute une série de questions s’imposent. Le président de la Febabu a-t-il subi trop de pressions d’en hauts lieux de telle sorte qu’il ait eu peur de donner son accord ? Pourquoi les négociations qui laissaient croire à un possible compromis n’ont-elles pas abouti ? Ont-elles au moins eu lieu ? Une chose est sûre, à en croire les sources proches du dossier, en jouant sur cette corde sensible concernant le contentieux rwando-burundais, M. Manirakiza, a eu la malice de porter le débat à un autre niveau : opposer les deux courants du parti de l’Aigle qui voient différemment la gestion des différends qui oppose le Burundi et le Rwanda. « Compte tenu de la divergence de vues par rapport à la question, quand bien même certains ténors du parti estimaient qu’il fallait laisser le club, aucun n’a voulu trancher ouvertement », indique un cadre de la Présidence. Via sa page Facebook, Réverien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD, il laisse entendre entre les lignes que préalablement, la Fédération et le club auraient dû régler cette question concernant les logos du sponsor Visit Rwanda. Il insiste aussi sur l’intérêt supérieur de la Nation. Pourtant, selon plusieurs de ses proches, il semble ne plus approuver l’action de M. Manirakiza. D’après les mêmes sources, lassée par les soubresauts au sein de la Febabu liés à une opacité dans la gestion des finances, la Fondation Pax présidée par Ndikuriyo aurait suspendu le partenariat avec la Febabu.
Quid de la suite ?
Synonyme d’une suspension de la participation à des compétitions internationales pendant 5 ans et d’une amende à payer de 500 mille USD, le forfait de Dynamo porte un coup dur au basketball burundais. Des rêves d’une jeunesse se voyant déjà vivre de ses talents de basketteurs sont engloutis, surtout qu’avec le nouveau format du championnat -la VBL (Viva Basketball League) – il semble possible de gagner sa vie en tant que joueur. Au risque de brader l’avenir des enfants, un président du club contacté à ce propos explique que le seul choix, c’est de regarder devant. « De toute façon le mal a été déjà fait, autant se concentrer sur le futur ». Toutefois, pour y arriver, il ne cache pas que certaines personnes doivent répondre des faits qui leur sont reprochées. « Actuellement, il y a les conclusions du rapport de l’audit. Il a été prouvé qu’il y a eu malversations, détournements,etc. Pour cela, le président de la Febabu doit y répondre » .Et aux dernières nouvelles, après restitution dudit audit le 2 mars, les présidents du club ont convoqué une assemblée générale extraordinaire pour réanalyse….Mais, les faits laissent entendre un membre du démissionnaire du CE de la Febabu, il s’agit d’une motion de censure l’invitant à la démission. Sur 35 équipes ou associations membres de la VBL pouvant convoquer une assemblée, 27 ont déjà apposé leurs signatures. Tel que le stipule le Règlement d’ordre intérieur de la Febabu, le président possède 60 jours pour convoquer l’assemblée. S’il se désiste, c’est le membre plus âgé qui le convoque. Quid des sanctions imposées par la Fiba? Ce président du club explique : « Contrairement à ce qu’il peut penser, la Fiba est déjà au courant de ces agissements du président de Febabu. Tous ces détournements,mauvaise gouvernance, malversations, etc. Dans ce cas, forcément qu’elle sera quelque peu clémente ». Et de conclure : « En attendant, dans l’immédiat, il faut que l’on assainisse le basketball burundais. Peut-être que cet épisode peut être un mal pour un bien, ainsi bâtir sur de nouvelles bases. Qui sait? »
Nous avons contacté le président de la Febabu pour s’exprimer, en vain.
Discussion about this post