By IWACU
Les dés sont jetés, les carottes sont cuites : le ministre de l’Intérieur a validé les conclusions issues du congrès extraordinaire tenu à Ngozi le 10 mars par des dissidents d’Agathon Rwasa. « Nous prenons acte du rapport et des décisions prises à l’occasion du congrès extraordinaire du parti Cnl notamment l’élection de Nestor Girukwishaka comme président et représentant légal ainsi que la mise en place du nouveau bureau politique dont le procès-verbal a été authentifié par le notaire », peut-on lire dans une correspondance signée le 18 mars.
Agathon Rwasa, chef historique qui a régné sur le parti de Rémy Gahutu sans partage pendant plusieurs décennies, est officiellement évincé. Plus d’un se demandent l’avenir politique de M. Rwasa, le « Lider Maximo » de l’opposition au Burundi et ses sympathisants qui sont désormais sans cadre légal.
Le Cnl, qui a changé à maintes reprises d’appellation, est un parti historique. A la tête de ce parti dans le maquis, alors mouvement armé, Agathon Rwasa a combattu pour la « libération » du pays. Rappelant à ses militants ses efforts et ses « sacrifices » depuis plusieurs années, il s’est érigé en « grand homme, homme fort » pour tenir les rênes du parti. Elevé au rang de mythe – les médias ont joué un rôle important dans la construction du mythe Rwasa-, ses sympathisants ne distinguaient plus l’homme de l’institution qu’il dirigeait. Ce n’est pas la première fois qu’il est « éjecté » de la présidence de son parti. Mais ses tombeurs n’ont jamais réussi à récupérer ses militants.
Tel le Phénix de la mythologie grecque, Rwasa s’est toujours reconstitué. Allons-nous assister à une énième renaissance ? Plusieurs observateurs estiment que le pouvoir, instruit par l’histoire, ne le laissera plus former un autre parti politique, qui ne sera jamais agréé.
Impossibilité de se présenter sous forme d’une coalition d’indépendants comme en 2015, à l’analyse, le principal opposant ne dispose pratiquement plus de marges de manœuvre pour les législatives de 2025. Les juristes estiment que le denier recours devrait être le pouvoir judiciaire, il peut porter plainte devant la cour administrative de la Cour suprême. « Un pouvoir judiciaire indépendant sauve la nation, peu importe la position de l’exécutif. Si le pouvoir judiciaire décide de dire le droit et rien que le droit, cela ne sera pas au profit du Cnl, mais de tout un peuple », dixit le politique Tatien Sibomana.
C’est possible. En attendant, que cessent les humiliations, les arrestations suivies des détentions dirigées contre les fidèles influents de Rwasa après le congrès de Ngozi. Déjà le jour du congrès, des députés qui lui restent fidèles ont passé des heures sous le soleil, assis à même le sol sous l’ordre de certaines autorités administratives et policières de la province. Une femme responsable jusque-là du parti Cnl dans la nouvelle circonscription de Buhumuza et une autre, présidente des femmes « inyankamugayo » de la nouvelle province de Butanyerera sont introuvables depuis quelques jours. D’autres arrestations sont signalées à Rugombo et à Kayanza.
L’article 1 de la Constitution stipule que « Le Burundi est une République indépendante, souveraine, laïque, démocratique, unitaire et respectant sa diversité ethnique et religieuse. » Cela signifie qu’il faut respecter le pluralisme politique. Ce qui n’est visiblement pas le cas.
Discussion about this post