By IWACU
En collaboration avec l’IFDC (le Centre International pour la Fertilité des sols et le Développement agricole), l’université du Burundi a organisé du 24 au 25 janvier le forum national sur l’érosion hydrique. Objectifs : restituer les résultats sur la recherche des pertes en terres et les méthodes anti érosives à adopter.
Réalisées par le Centre de recherche en Sciences des productions animales, végétales et environnementales (CRAVE) depuis 2011, ces études sur les pertes en terre ont été menées dans les régions de Mugamba nord, Kirimiro, Buyenzi et dans les Mirwa sous le financement de l’IFDC qui a sponsorisé les deux dernières années de la recherche (2021-2023) à travers son projet PAGRIS (Projet d’Appui pour une Gestion Responsable et Intégrée des Sols)
Professeur, Audace Manirambona, recteur de l’université du Burundi, a indiqué que ladite étude rentre dans le cadre de montrer la problématique de l’érosion hydrique du Burundi, et comment gérer les conséquences. « Nul n’ignore que le sol constitue le premier capital productif pour une grande majorité des ménages burundais vivant essentiellement de l’agriculture », d’où selon lui, la protection et la gestion constitue un enjeu prioritaire et majeur pour les rendements agricoles et l’amélioration des conditions de vie des ménages des burundais.
Le recteur de l’université du Burundi regrette que les pertes en terres restent considérables à cause du changement climatique, mais aussi de la divergence dans l’aménagement et la gestion des méthodes anti érosives.
« La gestion de ces différentes formes d’érosion hydrique interpelle différentes compétences, agronomes, hydrogéologues, socio économistes climatologues, des experts en aménagement des territoires ».
Et d’espérer que les résultats issus de ce forum serviront dans l’actualisation des enseignements dispensées par l’Université nationale.
« Et les retombées de la fructueuse relation entre l’UB, Vlir-UOS et IFCDC, démontre un bel exemple constituant un succès story. Nous interpellons tous les intervenants en matière d’environnement rural d’envisager, emboîter de l’IFDC et d’assurer que l’université du Burundi reste ouverte à toute collaboration et toute proposition »
D’énormes pertes en terres
D’après Dr Athanase Nkurunziza, professeur à l’Université du Burundi dans la Faculté d’Agronomie et de Bio Ingénierie (FABI), le Burundi enregistre des pertes de terres estimées à plus de 100 tonnes par hectare chaque année. À l’Est, ces pertes sont évaluées à 4 tonnes par hectare par an, au Centre 8 tonnes/ha/an et à 100 tonnes/ha/ an dans les provinces de l’Ouest du pays. « Plus il y a une forte pluviométrie, plus les pertes en terres sont considérables, surtout dans les Mirwa si rien n’est fait », alerte le professeur Nkurunziza.
Malgré ces prévisions alarmantes, Pierre Sindayikengera est revenu sur les quelques initiatives déjà en cours en matière de protection et gestion du sol. Il a cité principalement l’élaboration du DOSVAB (Document d’orientation et de l’aménagement des bassins versants) existant depuis juin 2021. Un document, selon lui, a été élaboré dans le but de coordonner et d’harmoniser les interventions engagées dans la lutte contre l’érosion. « Les principales menaces sur les bassins versant persistent et les intervenants utilisent des approches diverses et souvent contradictoires sur des sites voisins ».
M. Sindayikengera confie que parmi les normes ou approches par le DOSVAB figurent les nouvelles techniques de creusement des courbes de niveau : 50 cm de profondeur sur 50 cm de largueur.
Et d’ajouter que le document préconise une approche collective, inclusive et communautaire tout en soulignant que chaque intervenant devra se conformer à ce document. « Nous sommes aussi en train de formuler une loi spécifique sur l’aménagement et la gestion des méthodes anti érosives », a fait savoir Pierre Sindayikengera.
D’autres méthodes proposées
Au-delà de ces méthodes de courbes de niveau et de fossés anti érosifs vulgarisés depuis les années 1979, Sévérin Nijimbere doyen de la FABI à l’Université ajoute l’usage des haies vives telles que le Calliandra et le Bana grass, des bandes de pierre, mais aussi la couverture végétale par le paillage.
Et d’insister sur l’efficacité des fossés anti érosifs même s’ils nécessitent beaucoup de travaux de curage. « Nous avons vu aussi quand on combine le fossé et la haie vive, l’efficacité est très efficace », et de renforcer que l’usage des haies vives sont aussi utilisées dans le fourrage en particulier pour les petits bétails.
À côté de ces méthodes techniques, le doyen de la FABI rajoute des méthodes agricoles telle la plantation des bananerais, recommandées en particulier sur les terres en pentes.
Toutefois, il déplore la réticence de certains habitants qui s’arrogent à arracher surtout les haies vives et les constructions sur les fortes pentes surtout sur les plateaux de Mirwa. « Nous demandons à la direction chargée de l’Aménagement d’identifier toutes les zones à risques et interdire aux gens d’y construire », a-t-il lancé.
Un plan d’aménagement du territoire fortement recommandé par les participants dans ce forum pour diminuer les risques de catastrophes par l’érosion hydrique. Ils ont également l’intégration de la question de la démographie galopante dans les DOSABV et bien d’autres documents stratégiques.
IFDC exprime son satisfécit
« L’érosion hydrique constitue au Burundi de plus en plus les facteurs les plus limitant dans la gestion durable du capital qui est le sol, et donc une gestion durable des rendements agricoles », regrette le coordonnateur du projet PAGRIS à l’IFDC. Et marteler que le sol burundais est soumis à de multiples pressions telles que la déforestation, la pression sur les ressources naturelles et les infrastructures.
Pour lui, la présentation solennelle de ces résultats sur la recherche des pertes de terre témoigne l’engagement de l’IFDC dans son approche d’une planification intégrée et participative dans la fertilité du sol en s’appuyant sur sa vision des sols sains et des plantes saines. « Nous attendons de ces recommandations stratégiques et techniques des réponses aux besoins des producteurs agricoles pour améliorer leur production agricole », a-t-il conclu.
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