By IWACU
Il se tient ce dimanche 10 mars à Ngozi un congrès extraordinaire du CNL d’Agathon Rwasa convoqué par le groupe des 10 militants opposés son leadership. Ses fidèles n’ont pas été autorisés à prendre part à cette rencontre sous haute surveillance.
Le début proprement dit de congrès n’a pas été facile : l’entrée de la salle était bien surveillée, il y avait un déploiement de policiers dans les rues menant à l’hôtel qui a abrité ce congrès des dissidents d’Agathon Rwasa.
Certains participants n’ont eu leurs tenues, qu’à l’entrée de la salle, ils se sont empressés à les mettre au-dessus de leurs habits. Plusieurs journalistes n’ont pas eu accès à cette salle.
Les députés fidèles à Agathon Rwasa ont tout tenté pour prendre part à ce congrès en vain, ils ont été bloqués des policiers sous la supervision du gouverneur de Ngozi et du commissaire provincial, au niveau de la Cathédrale de Ngozi.
La sécurité était renforcée tout autour de la salle où se tenait ce congrès. Toutes les voies étaient bloquées. A part les congressistes et d’autres invités, personne d’autre n’a eu accès à la salle.
C’est en qualité d’autorité intérimaire que Mme Marie-Immaculée Ntacobakimvuna a lancé les activités de ce congrès extraordinaire du parti CNL organisé par un groupe de députés qui se sont rebellés contre Agathon Rwasa. Un Congres qui se tient sans une représentation du ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique.
Pour Mme Ntacobakimvuna, deux objectifs rassemblent les Inyankamugayo, les militants du parti CNL : « Dénouer la crise qui sévit au sein de ce parti depuis après près 16 mois et redynamiser les comités du parti à travers tout le pays ».
A l’agenda, il est prévu que ces congressistes opposés au leadership d’Agathon Rwasa procèdent à l’élection du représentant de ce parti au niveau national.
« Le ridicule ne tue pas », dixit Agathon Rwasa
Selon Agathon Rwasa, président du CNL jusqu’ici reconnu par le ministère de l’Intérieur, le congrès tenu à Ngozi n’en est pas un. Joint par téléphone, ce dimanche, il répond aussi à d’autres questions.
Il se tient aujourd’hui un congrès du parti CNL à Ngozi, à votre absence comme représentant légal du parti. Votre réaction.
Nous apprenons sans surprise qu’il y a un pseudo congrès du parti CNL qui prend court à Ngozi. C’est tout simplement que le ridicule ne tue pas. Sinon, comment est-ce que le ministre de l’Intérieur a refusé que nous tenions un Congrès en bonne et due forme en respectant nos statuts et la réglementation nationale et qu’il autorise une soi-disant Convention nationale du parti CNL où les congressistes attitrés ne sont pas acceptés, n’ont pas droit d’entrer et qu’au contraire, on rassemble des militants du parti au pouvoir pour prétendre que c’est un congrès du parti CNL ? C’est une honte à la démocratie, c’est une honte à la Nation, c’est une honte à tous ceux qui ont trempé dans cette affaire.
D’après des sources proches de ce congrès, l’accès à cet endroit n’est pas facile. Et des forces de l’ordre assurent la sécurité des congressistes. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
L’accès à l’endroit où se tient ce pseudo congrès, est fortement quadrillé. On a même violé les droits à commencer par les plus élémentaires parce que la Constitution du Burundi garantit la libre circulation des personnes sur le territoire national.
Cependant, nous apprenons qu’il y a des personnes qui ont été arrêtées à Bugarama à plus de 100 km de Ngozi, elles étaient à bord d’un bus de marque Toyota Coaster.
Elles sont maintenant emprisonnées dans le camp de la police à Muramvya. Il y en a d’autres qui ont été arrêtés, à Kayanza, à Ngozi, les renforts de la police sont démesurés. Parce que même le commandant régional de la police à Gitega est sur place, selon les informations que nous avons.
En plus de la police, des agents du SNR sont présents, et des jeunes affiliés au parti au pouvoir sont également dans les parages pour traquer et nuire aux Congressistes attitrés de par les statuts du parti CNL.
Pourquoi certains députés du CNL n’ont pas eu accès à ce congrès ?
Les Congressistes attitrés de par les statuts du parti CNL n’ont pas eu droit de participer à ce pseudo congrès. D’ailleurs, je remercie tous ceux qui ont bloqué cela.
Parce que de toute façon, il ne fallait pas quand même que l’un ou l’autre soit éclaboussé par ces gens-là. C’est pour vous dire que ce n’est pas un congrès du parti CNL, c’est un congrès du parti Cndd-Fdd par l’entremise du ministre de l’Intérieur et de quelques ’’bandits’’ qui se prétendent du parti CNL alors que dans leur esprit et dans leur vie, ils n’ont rien de commun avec les militants du parti CNL.
Donc, c’est très dommage que les forces de l’ordre qui sont censés faire respecter la loi, peut-être, par méconnaissance de la loi, sont plutôt obligés de cautionner ce qui n’a pas de sens dans ce pays. Et l’avenir nous réserve des surprises. Attendons voir. Laissons le temps au temps. Alors je me demande où ce gouvernement mène ce pays ?
Je me demande si en agissant de cette manière, on résout les crises multiformes qui secouent le Burundi et dont les origines n’ont rien à voir avec le parti CNL. C’est même une façon, on ne peut plus explicite d’enterrer le peu de démocratie qu’on pouvait prétendre avoir encore dans notre chère patrie.
Comment interprétez-vous l’autorisation d’un tel congrès alors que vous, on vous a récemment refusé cette requête ?
C’est comme si le ministre de l’intérieur ignorait carrément la loi. C’est comme s’il veut se faire la loi et faire la loi lui-même. C’est ridicule. Il a tenté de tout faire pour que son projet réussisse et je pense que c’est peut-être que c’est par cette erreur monumentale qu’il vient de commettre, que leur projet va plutôt foirer une fois pour toute.
Comment est-ce que ce ministre en connivence avec ces dissidents-là en est-il arrivé à phagocyter le parti en prétendant appliquer la loi qu’il ignore peut-être même.
Car, il a suspendu nos activités, fermé nos bureaux, et il n’a même pas reconnu que la loi burundaise précise qu’une suspension des activités d’un parti politique n’excèdent pas six mois.
C’est l’article 62 de la loi sur les partis politiques qui le dit. Alors, comment est-ce des hors-la-loi peuvent prétendre faire appliquer la loi ou gouverner ? Les Burundais devraient se lever comme un seul homme pour refuser ces pratiques faites au nom de la loi alors qu’il n’en est rien. Le pays ne pourra pas avancer d’un seul centimètre avec une administration de ce type.
Votre message aux organisateurs de ce congrès.
Tous ceux qui ont trempé dans cette affaire mafieuse, la voie la mieux indiquée c’est de se former en un parti politique. Parce que je vois mal comment les Imbonerakure vont être à toutes les cuisines. Tantôt ils seront FNL, tantôt ils seront CNL, pour finalement atterrir au Cndd-Fdd.
Je pense que tout ce plan concocté risque d’être plutôt comme un boomerang. Les retombées risquent d’être pires sur eux plus que ce qu’ils visent car après tout, tout le monde voit clairement que finalement, c’est le régime qui est derrière tout cela.
Or, ce n’est pas cela les attentes des Burundais. Ils voudraient quand même sortir de ce bourbier de misère, de cette crise économique et de cette gouvernance. Et ce n’est pas des politiciens de ce genre qui pourront le faire. Autant donc mieux se préparer car les jours qui viennent risquent d’être pires.
Mais, via son compte X, le gouverneur de Ngozi affirme que le Congrès se tient dans le calme.
Le gouverneur de Ngozi n’a qu’à dire ce qu’il veut, qu’est qu’il peut faire d’autre, il est dans ma machination. C’est un faux congrès, un congrès où il n’y a pas d’invités d’autres partis, où la presse n’a même pas été invitée, où les militants attitrés du parti ne sont même pas conviés. C’est quel genre de congrès ? Il faut être ce gouverneur pour dire que c’est un congrès.
C’est quel congrès où tout est quadrillé, où on empêche les gens de circuler sur le territoire national. Il y a eu chasse à l’homme, certains militants du parti CNL ont été pourchassés au moment où leur parti tient son congrès, c’est quel genre de congrès ?
Que comptez-vous faire en tant que président de ce parti reconnu par la loi ?
Le pays est à la dérive, les Burundais n’ont qu’à se lever pour dire non à cette dictature qui ne dit pas son nom. On ne peut dire que ça. Après tout, où peut aller un pays où la justice est paralysée, où l’économie est délabrée, foutue, où on n’a plus aucun droit, même le droit de circuler, un pays où le modus operandi est le détournement, l’accaparement des biens publics, un pays où l’on va jusqu’à détourner un parti au su et au vu de tout le monde ? Il est grand temps que les Burundais se lèvent tout simplement.
La rédaction
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