By IWACU
Redevabilité oblige, la plupart des ministres et autres hauts cadres du gouvernement redoutent la séance des questions orales à Kigobe devant les deux chambres du Parlement réunies. C’est parfois une expérience éprouvante.
Face au déchaînement de certains députés et sénateurs, notamment les deux « Très Honorables inquisiteurs de la République », maillet de président à la main, la séance ressemble à une sorte de « Jugement dernier ».
Parmi les ministres et autres hauts cadres soumis aux tirs croisés, il y a ceux qui s’en sortent haut la main, avec brio, juste un peu écornés. Disons-le, ils ne sont pas légion.
D’autres, quittent le « ring », groggy, chancelants, convaincus qu’ils viennent de vivre leur dernière apparition publique après cette comparution devant ce « tribunal du peuple ». Ils repartent penauds, pensant que leur sort est joué et qu’ils viennent de tomber de leur piédestal.
Malheur à ceux qui n’ont pas d’ange gardien ou d’intercesseur en haut lieu. Le sort est en effet scellé. Malheur à ceux qui n’ont pas eu le temps de se munir d’un parachute. Pour eux, c’est la sortie. Par la petite porte. Mais souvent, certains se préparent un parachute doré, rassurez-vous.
Sinon, nous le petit peuple, nous regardons avec le sourire l’ire du président de l’Assemblée nationale. C’est encore mieux quand il officie en duo avec le Très Honorable Président du Sénat. Le binôme est encore meilleur, détonant, avec des questions incisives pour les ministres ou hauts cadres de l’Etat hésitant avec les chiffres ou ânonnant des rapports approximatifs.
Le petit peuple se rappelle ces personnalités cafouillant lors de leur entrée en grande pompe dans l’Hémicycle de Kigobe, la traditionnelle photo de famille avec le Président, les honneurs, la puissance…
« On s’en lave les mains, il ne faut plus qu’on te croise dans la circulation », lancera dernièrement le Très Honorable Gélase Daniel Ndabirabe, à un cadre tombé en disgrâce.
Ce genre de cadres non respectueux des directives, dira le secrétaire général du CNDD-FDD, Révérien Ndikuriyo, il faut nous les renvoyer et « nous allons conjuguer un verbe ».
Il n’a pas précisé quel verbe et encore moins à quel temps. Pour rappel, il avait juré de ne plus parler français « depuis que certaines langues lui ont dit que ’’travailler’’ égal ’’tuer’’ », suite à son appel à ses militants en pleine crise de 2015 : ’’Kora !’’ (Travaillez ! NDLR).
Pour revenir sur les questions orales devant le parlement, disons que la démocratie, si elle est bien pratiquée, donne le pouvoir aux élus de demander des comptes aux cadres de l’Etat.
Voir ces « excellences » se faire « cuisiner » publiquement est quelque peu jouissif. Et on se met à rêver que les élus vont aller encore plus loin. Allez, honorables, faites vôtre la devise olympique : « Citius, Altius, Fortius ». Plus vite, plus haut, plus fort.
Abbas Mbazumutima
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