By IWACU
La décision sur la note d’accès à l’enseignement post-fondamental, la mise en retraite des enseignants, l’ouverture des sections d’informatique dans les lycées communaux… ont suscité de sérieuses critiques.
« Est admis à l’enseignement post-fondamental général, pédagogique et technique tant public que privé, tout lauréat ayant obtenu une note supérieure ou égale à 68 sur 200, soit 34 % », a déclaré François Havyarimana, ministre de l’Éducation nationale et de la Recherche scientifique, lors du point de presse du jeudi 31 août 2023.
Il a précisé que l’admission à l’enseignement post-fondamental dans les écoles publiques aux filières techniques, scientifiques, langues et pédagogiques à régime d’internat ainsi que dans les écoles publiques de la Mairie de Bujumbura est subordonnée à l’obtention d’une note supérieure ou égale à 116 sur 200, soit 58 %.
« Plus inquiétant est de faire croire aux élèves qu’ils ont réussi avec seulement une note de moins de 40 % et de penser qu’ils seront meilleurs plus tard », réagit David Ninganza, parent et président du comité des parents au Lycée Notre-Dame de Rohero. Pour lui, une note de moins de 40 % est pédagogiquement médiocre et il est regrettable d’exiger une telle petite note.
« Dire qu’un élève a réussi avec 34 %, cela remet en cause la culture de l’excellence », critique Martin Ntirandekura, un ancien du Bureau d’étude des programmes de l’enseignement secondaire.
Ancienne conseillère pédagogique au Bureau des programmes de l’enseignement secondaire (BPES), Eulalie Nibizi se disait sceptique quant à l’avenir des élèves ayant obtenu la note de 34 % au concours national.
La rentrée scolaire à rude épreuve
À chaque rentrée, c’est le même leitmotiv : manque de professeurs et insuffisance des enseignants. Mais pour l’année 2023, la situation était bien particulière avec près de 3 000 enseignants forcés à aller à la retraite. Le processus de recrutement a tardé à débuter. Les directeurs d’écoles confiaient
que c’est très compliqué de préparer la rentrée dans ces conditions.
Jusqu’au 17 août, alors que la rentrée était initialement fixée au 11 septembre, les départs à la retraite n’étaient pas encore remplacés.
Placide Nsengiyumva, directeur de Stella Matutina, se disait inquiet : « 10 enseignants sur 31 dont disposait l’école sont partis à la retraite.
S’ils ne sont pas remplacés dans les brefs délais, les activités seront paralysées. La situation sera compliquée. Pour assurer le service minimum, nous serons obligés de combiner les groupes pédagogiques. Cela a de graves répercussions sur l’apprentissage des enfants. Mais il n’y a pas d’autre choix que de s’y conformer. » Sur un autre établissement public en mairie de Bujumbura, le directeur se disait choqué, évoquant une situation très compliquée à gérer.
Jeudi 17 août, les confédérations syndicales COSYBU et CSB ont présenté le Mémorandum des revendications syndicales envoyées au président de la République signé par 60 organisations syndicales.
Elles ont exigé le rétablissement des travailleurs renvoyés injustement à la retraite dans leurs droits.
C’est en 2023 aussi que le ministre de l’Éducation a sorti une ordonnance n°1128/01/09/2023 portant sur l’ouverture des sections dans les écoles post-fondamentales d’enseignement technique. Un programme qui vient répondre aux besoins du pays, pour certains. Mais, d’autres, craignaient le risque de se heurter à de nombreux défis comme le manque d’enseignants qualifiés, de matériel, d’électricité, etc.
Les étudiants de l’UB ont vécu un calvaire
En 2023, les étudiants de l’Université du Burundi ont mené une vie difficile. En novembre, le Recteur de l’Université du Burundi a avoué que son institution n’est plus capable de nourrir ses étudiants. Une situation qui ne cesse de se détériorer, et ce depuis plusieurs années. Manger à leur faim deux fois par jour est devenu un luxe pour certains étudiants.
Et le logement n’est pas en reste. D’après un témoignage d’un employé à la direction des services sociaux de l’Université du Burundi, les conditions de vie dans les campus universitaires se sont détériorées peu à peu. Et l’augmentation des effectifs n’a fait qu’enfoncer le clou.
« Le gouvernement doit prendre en charge l’enseignement universitaire. Il ne faut pas privatiser l’éducation », a prôné un employé à la direction des services sociaux de l’UB. Il a rappelé que dans le temps, l’Université du Burundi avait, entre autres, deux qualificatifs : grenier du savoir et Rumuri (Lumière).
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